L'histoire de l'Accroupi
L’idée de départ est de trouver une forme de relâchement, de sommeil, dans l’attitude tout en maintenant un équilibre donc une forme d’éveil, de tension.
28 janvier 2023
En premier, il y a bien eu quelques crayonnages préparatoires mais, comme pour d’autres sculptures, je préfère gribouiller en 3D. Sur quelques centimètres de haut, j’ai modelé en cire, une première esquisse. Ne voulant pas de socle, elle a permis de vérifier la stabilité de la structure.
J’ai choisi de faire cette sculpture en terre cuite, en grès dit « pain d’épice ». Pour pouvoir cuire la terre, il faut, avant la cuisson, que la structure soit vide. J’ai choisi la technique dite des plaques que j’ai apprise au côté de Nicole Brousse.
On étale la terre comme une pâte à gâteau que l’on referme donnant une première forme. Nous le voyons bien sur le bras droit, ci-dessous, avec au départ un cylindre. Donc tout est en creux dés le départ. Seuls la pointes des pieds et les mains sont pleins. La tête est un œuf creux arrimé/collé au cou qui sera fermé à la toute fin par des cheveux.
Comme on peut le voir, cette technique implique de construire sa sculpture comme on construit une maison. D’abord les fondations. Il faut attendre que la terre se sèche un peu, durcisse, pour pouvoir s’élever dessus.
Comme il est difficile de juger des proportions sur un corps incomplet, on est amené à ajuster les longueurs par des ablations ou des ajouts. Sur la 3ème photo, le torse a été raccourci. Une fois la structure primaire en place, je peux ajouter de la terre pour plus de détails (par exemple le nez) mais il faut alors ne pas trop épaissir la couche sous peine d’avoir un accident à la cuisson.
Quand vous faites de la terre cuite, la cuisson est votre plus grande peur . Pour du grès, il faut de longues heures pour atteindre la température cible de 1250° !
Alors quand ça pète … ça pète !!
« Aux quatre coins qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts façon puzzle… »
Et il ne reste plus qu’à réparer …
Mon erreur a été de mettre trop de terre au niveau du dos. Résultat, avec une épaisseur trop importante, lors de la cuisson, l’extérieur est cuit avant l’intérieur. Trop de contraintes, ça explose !
J’ai d’abord recollé les plus gros morceaux à l’araldite puis bouché avec de la pâte époxy.
sérendipité : Capacité, aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l’utilité.
Au départ, j’avais prévu de ne pas faire de patine, de laisser après cuisson ce grès dit « pain d’épices » s’habiller de tons d’ocres. Puis il y a eu l’accident de cuisson. Alors deux solutions, réparer et patiner pour couvrir les dommages ou alors renforcer ce côté fracturé, profité de la mésaventure pour créer autre chose.
Avec de la pâte époxy noire pour sculpture, légèrement teintée de rouge, j’ai reformé la sculpture. Après ponçage, pour donner un aspect cuir à la peau, j’ai patiné le grés avec du lait. Le résultat n’est que contrastes, entre tension et relâchement dans la posture mais aussi entre les matières et les couleurs !